L'enclot
de Armand Gatti.

Le prix du Festival de Cannes a été remis par Jean Cocteau, alors président du Jury, qui a écrit à propos du film : « L'Enclos témoigne au même titre que Nuit et Brouillard d’Alain Resnais. Il témoigne avec une puissance irrésistible. (...) Il nous empoigne par la peau du cou. »
Jean Cocteau, Lettres françaises 1961

À la fin des années cinquante, les souvenirs de l’enfer des camps de concentration, pour ceux qui y sont passés, sont encore brûlants. La productrice de Clavis Films à l’époque, Lucy Ulrich, qui était survivante d’Auschwitz, a partagé cette expérience avec le jeune journaliste et homme de théâtre, Armand Gatti.

Gatti, résistant à 18 ans, est capturé à Nice et condamné à mort mais gracié pour son jeune âge et envoyé dans un camp de travail en Allemagne, d'où, par chance, il finit par s'évader, puis réussit à s'engager dans l’armée britannique en tant que parachutiste, et continue à lutter contre l’Allemagne nazie jusqu’à la fin de la guerre. Après la guerre, il devient journaliste et fait des interviews entre autres avec Mao Zedong et Che Guevara.

Après avoir écrit des pièces de théâtre engagées sous la tutelle de Jean Vilar, il entame une première ébauche du scénario en 1958, puis le finalise avec la collaboration de Pierre Joffroy. C’est son premier long métrage de cinéma.

Produit par Clavis Films, le film est tourné en Yougoslavie à côté de Ljubljana dans un vrai camp de travail resté encore intact en 1960 et qui évoque les souvenirs de son propre emprisonnement.

« J'ai écrit le scénario de l'Enclos pour porter témoignage, raconter comment cela se passait et aussi comment j'aurais voulu que cela se passe. Il me fallait témoigner de ce combat, de cette horreur, mais aussi de cette solidarité et fraternité. J'ai essayé d'imaginer une écriture et le cinéma m'a permis de traduire ce que je voulais. »
Armand Gatti, 2003

« L’œuvre indispensable est faite et elle est parfaite. On ne pouvait la concevoir avec plus de sûreté, d’honnêteté, de tact. Tous les aspects de l’abominable univers des camps de concentration sont présentés, organisés, autour d’une situation qui ne pouvait exister que là. »
Maurice Druon, 1961

Pour réussir ce coup de maître, Armand Gatti a su s’entourer d'acteurs et de techniciens de cinéma de très grand renom comme Jean Vilar (voix off du narrateur), Jean Négroni et Hans-Christian Blech dans les rôles principaux ou encore Robert Juillard à la direction de la photographie.

L'authenticité du jeu des acteurs, l’utilisation quasi documentaire des figurants choisis parmi les rescapés de l’horreur des camps, la beauté de la lumière, les nuances du noir et blanc, et la précision des cadres qui servent la tension dramatique, confèrent au film L’Enclos un statut de référence.

Numérisé et restauré dans les laboratoires Eclair par Clavis Films en 2014, ce film majestueux et indispensable est par la suite ressorti dans les salles avant de faire l’objet d’une nouvelle édition BLU-RAY.